En savoir plus sur Théodule Ribot
Si son nom est resté longtemps effacé, aujourd’hui ses toiles puissantes et personnelles connaissent un vif regain d’intérêt et sont accrochées dans de nombreux musées de France, d’Allemagne et des Etats-Unis. Elles nous parlent d’un artiste solitaire qui n’a jamais transigé dans sa quête d’une vérité artistique.
On sait peu de choses de ses premières années. Il vécut de petits travaux, peignant des enseignes pour des commerces. Plus tard, à la fin des années 1840, Ribot se serait rendu en Algérie et serait devenu arpenteur-géomètre. De là dateraient ses premières peintures de gens du peuple, dans des scènes de genre et des portraits.
À son retour à Paris, en 1850, Ribot réalisa des copies d’œuvres d’artistes du 18e siècle, comme Watteau ou Lancret, pour un marchand d’art qui les vendait en Amérique. Essentiellement autodidacte, Ribot trouva aussi le temps d’étudier les artistes d’autrefois, surtout ceux du 17e siècle, adaptant leur approche à son style si caractéristique.
Lorsque Théodule Ribot envoyait des tableaux au Salon, dans les années 1850, ils étaient souvent refusés. Les thèmes de ses toiles, comparés aux grands récits mythologiques ou historiques, paraissaient triviaux et ses tons sombres tranchaient avec les productions de ses contemporains. Ses œuvres trouvèrent néanmoins des adeptes parmi ses collègues artistes comme Fantin-Latour, Vollon ou François Bonvin. En 1859, une exposition indépendante audacieuse réunit cette génération de peintres réalistes annonçant une nouvelle tendance de représentation du quotidien.
Ribot révérait les peintres espagnols du 17e siècle, Velázquez, Murillo et surtout Ribera. Rembrandt l’influença aussi grandement dès ses débuts, comme de nombreux artistes de l’époque.
Loin des feux de la rampe, prenant sa famille et ses proches comme modèles, Ribot devint un maître du portrait psychologique et aucun peintre réaliste n’a traité cette branche de l’art de manière aussi continue et efficace que lui.
Ribot a aussi produit beaucoup de natures mortes. L'atmosphère sombre et le grand format de celles-ci pouvaient surprendre mais les critiques admiraient la simplicité de ses natures mortes, et particulièrement sa capacité à révéler le potentiel tactile des objets. D’autres encore louaient sa façon de traiter la lumière, souvent subtilement dramatique mais sans aucune théâtralité.
Dans les années 1860, Ribot reçut le soutien de l’État pour ses compositions religieuses. Cela représentait un bel encouragement, l’artiste ayant besoin d’un sérieux appui financier pour faire vivre sa famille. Lorsque son Saint Sébastien est présenté au Salon de 1865, son prix valide la nouvelle conception qu’avait Ribot de la scène, aussi bien en termes de tradition réaliste contemporaine que de vie quotidienne. Bien que sa peinture ne l’ait jamais rendu riche et qu’il ait eu des difficultés à subvenir aux besoins de sa famille, on peut supposer que, comme d’autres artistes réalistes, Ribot réussit à vivre de son art.
Son travail était sa vie et il n’eut pas d’autres élèves que ses deux enfants qui ont également adopté son style de vie. Les Ribot étaient considérés comme une communauté de créateurs dont le réalisme profond et sincère était à son meilleur.
L’ensemble de son travail est étonnant par son abondance et par la force de son expression. Il est impossible de faire l’impasse sur ses œuvres, en raison de la diversité des genres et des thèmes abordés comme de sa capacité à créer une vision unique qui trouvait de la beauté dans une réalité prosaïque plutôt laide