Solstice d’été dans un cabaret romain

Fêter la musique avec Léon Fauré

Depuis 1982, la fête de la musique est l’évènement festif populaire qui annonce le premier jour de l’été.

Parmi les œuvres présentes dans les collections du musée des Augustins, le tableau intitulé « Intérieur de cabaret romain », illustre ce temps estival de convivialité musicale. 

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Que raconte cette œuvre ?

Ce tableau date de 1859. Il a été léguée à la ville de Toulouse en 1888 par la veuve de l’ancien maire de la ville rose, l’avocat Léonce Castelbou.

La composition proposée par Léon Fauré résonne comme un hommage aux maîtres anciens. Il peint une scène de taverne ou d'auberge, telle qu'on en rencontre au 17e siècle dans la peinture flamande, du côté des caravagistes aux tendances ténébristes, ou encore en France chez les frères Le Nain. S'exprime ici le naturalisme des scènes d'intérieur où des gens simples et dignes partagent l'intensité d'un moment.

Dans ce huit-clos, tout parle de dénuement : les vêtements grossièrement taillés des personnages, sans chaussure souvent, la rudesse du mobilier. Mais au centre se détache un homme assis de dos, dont la chemise blanche retient l’attention. Tous les regards convergent vers lui, jeunes et vieux cessent pour un temps de s'activer. On imagine l’homme, artiste vagabond, posé là pour une brève halte, son baluchon près de lui.

Et l’artiste, qui était-il ?

Il s'agit de Léon Fauré (1819 Villemur -1887 Toulouse). Ancien élève de l’école des beaux-arts de Toulouse, la poursuite de son apprentissage l’amenait à Paris dans l’atelier d’Eugène Delacroix. C’est d’ailleurs par une recommandation écrite appuyée du maître que l’élève Fauré rejoignait la Villa Médicis (Académie de France à Rome) en 1846. Puis sa carrière artistique le ramenait à Toulouse où il devenait en 1882 professeur à l’école des beaux-arts. Son atelier toulousain se trouvait au n°10 de la rue du Sénéchal. 

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Son ami le peintre Louis Gustave Ricard (1823-1873) réalisait son portrait en 1864. Sa palette de couleurs chaudes qui évoque l’art de Rembrandt révèle, sans concession à l'idéalisation, la personnalité de l'artiste par le regard songeur, la longue barbe séparée en deux pointes et la chevelure ébouriffée.

Lors du salon de 1861, Théophile Gautier saluait son talent de grand coloriste : « de son illustre maître Eugène Delacroix, il a appris le secret de faire concorder entre elles les valeurs les plus opposées sans les éteindre ».

Portrait de Léon Fauré
Photographe Carjat & Cie - Musée Carnavalet, Histoire de Paris

Pauvre mais toujours jovial, l’artiste ne manquait ni de répartie humoristique ni de trait d’esprit. A l’heure de sa mort - survenue le 26 octobre 1873 - son épitaphe traduisait toute cette ironie :

« Ci-git Léon Fauré peintre français décédé dans la nième année de son âge avec un certain nombre de dettes péniblement amassées ».

 A sa mémoire, le poète occitan Auguste Fourès écrivait ces quelques vers en octosyllabe :

« Etincelant et libre esprit,

Dans sa finesse coutumière,

Fauré vécut, toujours épris

De couleur vive et de lumière.

Ayant pour dieu le bon soleil,

En riant des bourgeois moroses,

Et ses yeux pleins du ton vermeil,

Il peignit les plus belles roses ».