Une maquette d'Idrac en restauration

Bertille vous raconte des histoires # 5

Penchons-nous sur la carrière d'un artiste toulousain disparu à l'aube d'une carrière artistique qui s'annonçait prometteuse !

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Fauché par une épidémie de fièvre typhoïde a tout juste 35 ans, le sculpteur toulousain Jean-Antoine-Marie Idrac (1849-1884), Grand prix de Rome 1873, était l’élève d'Alexandre Falguière.

Buste de Jean-Antoine-Marie Idrac réalisé par Jean Turcan
Photo musée des Augustins - Daniel Martin

Trois jours après sa disparition survenue le 28 décembre 1884, son ami et statuaire Alexandre Laporte évoquait dans son oraison funèbre parue dans Le Petit Républicain de la Haute-Garonne daté du 31 décembre 1884 : « [..] un artiste qui vient d'être brusquement emporté dans l'épanouissement de la jeunesse. [..] Les œuvres du regretté Idrac l'avaient placé au rang des premiers sculpteurs de son temps, et son œuvre capitale, "Etienne Marcel", qu'il achevait en ce moment aurait certainement donné à son talent une consécration éclatante.
Que d'œuvres encore il eut produites ! Et quelle perte irréparable pour la sculpture française ! [..] ».

Portrait de Jean-Antoine-Marie Idrac paru dans « L'Artiste Toulousain ». Fév. 1887.
Source rosalis.bibliotheque.toulouse.fr / Bibliothèque municipale de Toulouse

De cette brève carrière stoppée net par la maladie, les collections du musée des Augustins gardent de précieux témoignages sculptés dont une maquette de la statue équestre d’Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris (équivalent à la fonction actuelle de maire), assassiné le 31 juillet 1358.

Lire la notice de l’œuvre

Constituée de plusieurs matériaux (plâtre, fer, tissu), cette œuvre d'à peine plus de 50 cm de hauteur fait l’objet d’une restauration méticuleuse de nettoyage et de consolidation. 


La restauratrice Véronique Picur effectue une délicate opération de nettoyage.

Sa fragilité causée par la finesse des jambes de l'animal, qui repose sur 2 sabots scellés au socle, complexifie l'intervention et demande une attention renforcée.

La terrasse où reposent les deux sabots sur quelques centimètres d'appui.

L’attache de la queue à la croupe de l’équidé, la main droite, des éléments du harnais sur le flanc gauche et la reconstitution de l’épée tenue à bout de bras sont les points de fragilité qui ont guidé cette opération minutieuse après la découverte de plusieurs fragments retrouvés dans une enveloppe oblitérée en 1945. 

L'enveloppe postale de 1945 et les fragments qu'elle renfermait.

Mais, me direz-vous, quel était l’objet de cette maquette ?

Ce plâtre de 53 cm est la proposition (au dixième de la hauteur finale) d’Idrac à un concours lancé en 1882 par le conseil municipal de la ville de Paris.  L'objet de cette compétition artistique était la réalisation d’un monument public à la mémoire d’Etienne Marcel considéré comme le tribun du peuple, le défenseur de la ville de Paris et héros des libertés communales au détriment de la monarchie.

 
La statue monumentale en bronze érigée à Paris.

Désigné lauréat du concours mais décédé prématurément, Idrac devait confier sur son lit de mort et par testament en 1884, la réalisation finale de la sculpture équestre à son ami toulousain Laurent Marqueste. Le bronze monumental haut de 4m50 présent sur le square latéral de l’Hôtel de ville à Paris, fut inauguré officiellement le 15 juillet 1888.


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